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 Interview de Thierry Van Cleemput

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tony
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MessageSujet: Interview de Thierry Van Cleemput   Interview de Thierry Van Cleemput EmptyJeu 7 Déc - 22:56

source: www.batd.be

Thierry Van Cleemput,

le patron des élites de l’AFT
Interview de Thierry Van Cleemput ThVCP



Il estime que le centre de Mons est un outil performant

et salue l’existence des structures privées



Thierry Van Cleemput assume aujourd’hui la responsabilité du groupe restreint des « espoirs » que l’AFT entraîne à Mons. Entraîneur discret, mais de haute volée, il a suivi Olivier Rochus de par le monde pendant près d’une décennie. Jamais on ne l’a vu tirer la couverture à lui ou se singulariser par des déclarations retentissantes. Il n’en est pas moins homme de passions. Il aime la littérature, au point d’aller se recueillir sur la tombe d’Albert Camus. Il étudie l’œnologie ; il confesse volontiers un faible pour les vignobles italiens, ce qui ne le détourne pas de cultiver de sympathiques penchants internationalistes. Résumons-nous : il voue un véritable culte à la vie, qui le lui rend bien. Il pourrait facilement passer pour un disciple d’Horace, qui recommandait de « cueillir le jour » ; mais la conversation a tôt fait de glisser sur le tennis :

- Je crois que le sport de haut niveau est également affaire de passion, explique-t-il. J’essaie de faire partager mes passions, mais en veillant à ce qu’elles restent maîtrisées…

- Pour l’œnologie, en particulier ?

- Cela vaut mieux pour l’œnologie… Maîtriser ses passions est essentiel. Le tennis en fournit la preuve par l’absurde. Beaucoup de gens dérapent sur ce chapitre et perdent le sens des réalités. C’est fort bien d’avoir de l’ambition ou de vouloir devenir un grand joueur : mais il faut toujours garder le contrôle de la situation, afin de ne pas s’exposer à des drames, comme il s’en produit souvent, quand des joueurs abandonnent tout pour le tennis, ne parviennent pas à gérer une défaite ou n’acceptent pas que leur adversaire soit plus fort qu’eux. Et que dire de ces parents qui, au bord d’un terrain, ne se dominent plus dès lors que leur enfant joue un match difficile ?

- Dans la nouvelle structure sportive de l’AFT, mise en place l’été dernier, vous avez été nommé le responsable des élites. Peut-on raisonnablement espérer que la succession des meilleurs joueurs belges, actuellement sur le circuit, soit sur le point d’être assurée ?

- Le verbe « espérer » convient parfaitement à la question, dans la mesure où nous voulons croire que notre outil, qui a déjà fait ses preuves, permettra d’amener de nouveaux joueurs professionnels belges sur le circuit. Il est bien évident que si l’on pouvait répondre avec certitude à votre question, ce serait trop beau. On ne doit pas oublier que nous ne travaillons pas avec des matières premières, mais avec des jeunes gens et que certains éléments de leur vie d’adolescent sont difficilement prévisibles. Je pense en particulier à la naissance des sentiments en leur cœur, aux changements de priorité dans leur vie, aux problèmes liés à la constitution physique de chacun d’eux, etc. Et il y a par surcroît des choses dont on parle peu : les facteurs sur lesquels s’articule leur activité. J’entends par là qu’il faut pouvoir apprécier chez certains jeunes, en dehors de leur formation technique, les qualités naturelles qui leur permettront (ou non) de s’adapter aux exigences du haut niveau : tout le monde n’a pas la chance d’avoir bénéficié de la meilleure formation technique ou hérité des meilleures aptitudes physiques. Pour ma part, je n’ai évidemment aucune certitude quant à la possibilité d’assurer une succession à la génération actuelle de nos meilleurs joueurs, mais l’espoir ne fait pas défaut.

- Vous avez travaillé avec Olivier Rochus pendant plusieurs années et vous l’avez amené dans le top 100. Quelle est la part prise par un coach dans pareille réussite d’un joueur ?

- J’ai quitté Olivier quand il est arrivé 48ème au classement ATP. J’ai travaillé pendant huit années avec lui. Mais je reste d’avis que la part prise par un coach est très difficile à évaluer. En dehors des éléments dont je viens de parler, je dirai qu’un coach, tant qu’il reste un formateur, doit servir de guide sur le plan technique, pendant une longue période ; par la suite, il deviendra un guide psychologique, attaché à mettre le joueur dans les meilleures conditions possibles - physiquement, tactiquement et mentalement – afin de tirer le maximum de son potentiel. Pour ma part, j’ai toujours essayé de donner à Olivier tout ce que je pouvais lui offrir ; mais je serais bien incapable de dire quelle est la part qui me revient dans sa réussite. Je puis simplement prétendre que j’ai tenté de mettre les meilleures chances de son côté, en travaillant toutes les filières possibles, pour l’aider à réussir.

- A haut niveau, l’attitude des joueurs par rapport au besoin d’avoir un coach varie étrangement…

- …Etrangement, c’est le moins qu’on puisse dire…

- On n’imagine pas que Justine Henin puisse se séparer de Carlos Rodriguez. En revanche, Kim Clijsters ne se porte pas plus mal de faire son chemin toute seule. De son côté, Roger Federer, qui peut passer pour un exemple à suivre, ne travaille qu’à la carte avec Tony Roche. Quant à la plupart des joueurs, ils changent volontiers d’encadrement dès qu’ils sont mécontents de leurs résultats. Quel est votre point de vue sur la question ?

- La seule règle que je puisse formuler, grâce à l’expérience que j’ai accumulée, c’est qu’il n’y a pas de règle. Mais, dans le cas précis de Justine, je pense qu’elle est la bonne personne pour travailler avec Carlos, et qu’il est le mieux placé pour le faire. La méthode de leur fonctionnement convient à l’un comme à l’autre, ce qui leur assure une collaboration exceptionnelle. On ne saurait en déduire que c’est ainsi que les choses doivent se faire pour autant entre un entraîneur et un joueur. Je n’y crois pas. La preuve ? Federer ! Il est arrivé à un niveau exceptionnel, tant du point de vue technique que tactique. Il souhaite seulement disposer d’un encadrement à la faveur duquel il limite la pression lors des grands événements. On sait que le numéro un mondial a mis l’accent sur sa préparation physique. Non pas une préparation de nature à augmenter son potentiel, mais destinée à l’entretenir : cela explique qu’il ne saurait se séparer de son physiothérapeute. Quant à Kim Clijsters, elle est devenue complètement autonome et estime, non sans raisons, qu’elle fonctionne fort bien ainsi. En outre, elle se trouve à un stade de sa carrière où elle nourrit peut-être moins d’ambitions sur le long terme. C’est une explication, mais je ne puis répondre à sa place… Bref, il s’agit d’affaires très personnelles et il faut se garder de croire qu’en l’occurrence, l’on détient des vérités - qui n’en sont d’ailleurs pas. C’est pourquoi en la matière, je ne parlerai jamais que pour moi. J’ajouterai que je me sens très bien dans un système de formation où mes compétences de pédagogue (puisque je suis aussi professeur d’éducation physique) peuvent produire pleinement leur effet.

- Estimez-vous que la collaboration entre un coach et un joueur puisse, d’un point de vue technique, connaître des limites ? Vous est-il, par exemple, arrivé de penser que vous n’étiez plus en mesure de faire progresser un élève talentueux avec lequel vous avez travaillé ?

- Eh bien, oui ! Je pense que la collaboration entre un coach et un joueur a des limites. Cela me fait plaisir de pouvoir en parler un peu. Je pense qu’un coach doit admirer son joueur, afin de rester en mesure de le convaincre qu’il est toujours capable d’augmenter son potentiel. Tant que le premier restera admiratif, les limites du second seront repoussées. C’est un des petits secrets que j’ai tirés de mon expérience. C’est aussi la condition sine qua non grâce à laquelle un joueur peut encore faire rêver son coach… Par contre, trop souvent dans ce milieu, on voit des coaches qui n’ont pas envie de lâcher leur « proie » : ils cherchent à rester en place pour conserver leur statut ou faire certains voyages, bien qu’ils sachent que cela peut devenir préjudiciable à la progression du joueur. Ceci dit, le coaching est un métier très ingrat, qui a ses propres règles : il faut savoir travailler dans l’ombre, sans attendre de la reconnaissance. Il faut être idéaliste et mettre tout son cœur à l’ouvrage. Sans espérer des remerciements, je le répète… Accepter ces principes ne me paraît pas nécessairement naturel…

- A l’heure actuelle, la Belgique vit sur un nuage grâce à deux championnes d’exception et à cinq joueurs classés parmi les cent meilleurs du monde. Aucun autre pays ne peut se targuer, pour l’heure, d’une réussite comparable, si ce n’est la Russie. Quel est la nature des bénéfices engrangés par le tennis national, grâce à ce phénomène dont il faut craindre qu’il soit passager.

- Cette situation est d’autant plus exceptionnelle que nous vivons dans un pays qui a connu une scission voulue par le fédéralisme. Les deux régions (AFT et VTV) sont totalement indépendantes l’une de l’autre sur le plan sportif. Elles ne sont réunies que par de trop rares événements, comme la coupe Davis ou la Fed Cup. Les résultats obtenus par les deux régions sont d’autant plus exceptionnels que notre pays ne dispose pas d’une grande culture sportive. Par contre, je pense que le tennis a connu un grand essor grâce aux efforts consentis par la Fédération elle-même, mais aussi par des structures privées qui ont créé une très saine concurrence de nature à pousser les gens à se remettre en question de manière permanente. Une compétition s’est installée afin de tirer le meilleur parti des joueurs qui travaillent dans chaque structure. Toutefois, il est temps de tirer la sonnette d’alarme, car le phénomène qui permet à la Belgique de vivre sur un petit nuage, selon votre expression, sera nécessairement passager, surtout du côté féminin. Pour que notre pays retrouve un jour deux de ses joueuses aux deux premiers rangs du classement mondial (comme ce fut le cas avec Kim et Justine), il faudrait avoir autant de chance que quelqu’un qui gagnerait le gros lot au Lotto… (L’Espagne a connu une situation presque aussi brillante avec Arantxa Sanchez et Conchita Martinez ; mais, aujourd’hui, il n’y a plus grand monde pour défendre ses couleurs avec une réussite comparable…) Néanmoins, notre bonne fortune actuelle devrait engendrer de l’émulation et permettre à nos joueuses de croire en leur capacité de réussir… C’est essentiel de croire en ses capacités de réussite… Je le souligne car je crains un peu que l’on ne soit pas assez ambitieux, en raison de la chance qui est la nôtre pour l’instant. Je pense que beaucoup trop de clubs, profitant des circonstances du moment qui leur apportent de nouveaux membres, ne réagissent plus qu’en fonction de critères commerciaux et qu’ils négligent l’importance du programme pédagogique nécessaire à l’accompagnement du flux de nouveaux adeptes… Aujourd’hui, s’il est important de se montrer attentif à la qualité de notre enseignement pour éviter que le phénomène soit passager, il convient cependant de ne pas sombrer dans le pessimisme. Je me rappelle qu’à l’époque où j’accompagnais Olivier sur le « Tour », la WTA se portait à merveille, alors que l’ATP redoutait d’entrer en crise : Sampras était sur le point de se retirer, Agassi prenait de l’âge et Kafelnikov mettait un terme à sa carrière. On disait alors que Roddick manquait de charisme et que Federer n’était pas encore prêt à prendre le relais. Mais, aujourd’hui, on a déjà changé de discours : on n’hésite même plus à soutenir que le Suisse est peut-être le plus grand champion de tous les temps… Bref, la roue du sport tourne très vite…

- Dans notre pays, le tennis féminin dispose depuis quelques années d’un circuit à la faveur duquel les « espoirs » ont la possibilité de mettre le pied à l’étrier. Il n’en va pas de même pour les garçons : les « Futures » s’y comptent sur les doigts de la main. N’est-ce pas un sérieux handicap avec lequel il vous faut compter au niveau de la direction technique, même si vous avez la satisfaction de disposer depuis peu d’un challenger à Mons ?

- Il faut mettre effectivement le doigt sur la plaie. Beaucoup de pays ont bien compris l’utilité d’un circuit étoffé de tournois « Futures », grâce auxquels les joueurs glanent leurs premiers points ATP. Le problème en Belgique est le suivant : ce type d’événement n’amène pas beaucoup de public. Ce sont souvent des bénévoles qui les mettent sur pied, de même que les tournois de 10.000 $ pour les jeunes filles. Dans nombre de cas, ces compétitions ne sont pas réorganisées d’année en année, même quand elles ont connu une réussite initiale En fait, il faut vraiment aimer le tennis pour suivre les « Futures »… Et vu le coût de ce type de tournois, il n’est pas évident de trouver aisément des organisateurs. C’est évidemment regrettable et il faut comprendre la Fédération belge (qui ne possède pas une vache à lait comme sa consœur française, avec Roland Garros, ou anglaise, avec Wimbledon) n’a pas les moyens de prendre à sa charge ce genre de compétition. Elle ne saurait solliciter des subsides, à supporter par le contribuable, pour mettre sur pied ces tournois très onéreux. Il ne reste donc plus à nos joueurs qu’à partir à l’étranger… En revanche, un gros challenger – comme celui de Mons – a davantage de chances de survivre car, même si les joueurs belges venaient à manquer, il y aurait toujours quelques professionnels de renom pour en assurer le succès.

- L’outil dont vous disposez à Mons est-il adapté aux besoins ?

- Le sport de haut niveau est en perpétuel changement. Des forgerons, des charpentiers, des avocats et des médecins, il y en a depuis très longtemps ; mais les sportifs professionnels n’ont pas une longue histoire. Ce métier - tout comme le coaching, la médecine sportive ou l’encadrement -, est donc en perpétuelle mutation. L’outil doit par conséquent s’adapter aux besoins nouveaux. Mais une des grandes philosophies du tennis-études, tel qu’il se pratique au centre de l’AFT, a pour objectif de permettre aux éléments les plus talentueux de poursuivre leur formation scolaire sans renoncer à leur passion. Il faut donc se montrer tolérant et comprendre qu’il n’est pas donné à tout le monde de suivre un tel parcours. Les uns n’ont pas la capacité de faire des études, les autres n’ont pas celle de se consacrer exclusivement -au tennis… Je me plais à rappeler que si tout le monde sait que les frères Rochus ou Justine Henin sont passés par notre tennis-études, des joueurs comme Renaud Thys ou Julien Onclin, en échec sur le circuit professionnel, sont retombés sur leurs pattes grâce à leur diplôme d’humanités et qu’ils ont pu reprendre leurs études après avoir pendu leur raquette au clou. Dans notre société en Belgique, avec la mentalité qui est la nôtre, je pense que notre outil répond à une grande partie de nos besoins. A l’heure actuelle, nous n’avons pas intérêt à révolutionner notre système, même si, dans certains pays, la pratique des études par correspondance est répandue. Nous devons seulement essayer de parfaire notre programme.

M. NESTOR, le 7 décembre 2006.
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