Le Soir et De Standaard se sont alliés pour publier toute une série d'articles destinés à ce que les communautés du sud et du nord du pays apprennent à mieux se connaître.
Dans le cadre de ce Face à Face Nord-Sud, il y a aujourd'hui deux articles consacrés à l'Après Kim et l'Après Justine.
http://www.lesoir.be/dossiers/Face_a_faceA Wilrijk, on prépare l'après-Kim...VANDE WEYER,PHILIPPE (Le Soir)
mercredi 11 avril 2007, 07:39
Avec le départ à la retraite, dans quelques mois, de Kim Clijsters, le tennis flamand va perdre la meilleure ambassadrice de son histoire. Mais à Wilrijk, on préfère, comme toujours depuis 1981, penser au lendemain. Et au surlendemain.
C'est là, au coeur du campus de l'Université d'Anvers, que la Vlaamse Tennisvereniging (VTV) a établi, il y a plus d'un quart de siècle, son centre de haut niveau, jouant ainsi un rôle de précurseur dans le paysage sportif belge. C'est là qu'au fil des ans, ont défilé à un moment crucial de leur carrière Johan Van Herck, Ann Devries, Laurence Courtois, Sabine Appelmans, Kim Clijsters, Xavier Malisse ou Kristof Vliegen pour une période plus ou moins longue selon leurs besoins. Une litanie de noms qui en dit long sur la qualité du travail effectué. « L'essence de notre boulot, c'est d'identifier le talent, puis de le développer et l'accompagner jusqu'à ce que les joueurs soient financièrement indépendants, dit Bernard Dewamme. Certains ont besoin de rester chez nous huit ans, d'autres s'en vont après deux saisons. Nous n'imposons rien. »
Avec ses faux airs de Robbie Williams, ce Louvaniste de 40 ans a pris depuis le 1 er février la tête de la direction technique de la VTV. Une responsabilité qui ouvre généralement de larges perspectives si l'on sait qu'Ivo Van Aken et Steven Martens, deux des prédécesseurs de Dewamme, occupent respectivement aujourd'hui les postes de responsable du sport de haut niveau flamand et de directeur technique de la Fédération britannique de tennis (LTA), bien décidée à tout mettre en oeuvre pour être performante en vue des Jeux de Londres 2012 et au-delà. « Ce n'est pas un hasard si Ivo et Steven sont là où ils sont, dit le nouveau directeur technique. Nous sommes victimes du succès de notre système. Un système qui n'est pas révolutionnaire, mais plutôt dynamique et dont il faut assurer la continuité en le consolidant. Car d'autres membres de notre équipe ont été approchés et partiront, c'est inévitable. »
Une concurrence croissante
La concurrence, qu'elle vienne d'autres fédérations ou de structures privées, c'est, en effet, ce qui guette l'école de la VTV. Qui se voit également confrontée à l'universalité toujours plus grande du tennis puisque pas moins de 2.000 juniors de par le monde figurent aujourd'hui dans le ranking international.
« Comme il y a de plus en plus d'enfants sur le circuit, le tableau final des tournois est de plus en plus difficilement accessible, admet Dewamme. Nous avons dû nous adapter. Quand nous avons commencé, nous n'encadrions les jeunes qu'à partir de 14 ans ; aujourd'hui, à partir de nos centres régionaux, ici, à Gand et à Hasselt, ils sont pris en charge dès 8 ans. Nous travaillons sur une base très large. »
L'essence du système de la VTV réside dans la détection. Celle-ci est évidemment facilitée par l'exiguïté du territoire qui permet à Bernard Dewamme d'affirmer qu'« il y a peu de chances pour qu'on loupe un talent ». La qualité de l'encadrement, son know-how, la continuité dans la vision au fil de l'évolution du joueur sont d'autres atouts du centre de Wilrijk qui peut accueillir jusqu'à 25 élèves dans un environnement performant mais pas tape-à-l'oeil. A leur disposition : cinq terrains en hardcourt couverts (plus deux autres en plein air qui seront disponibles cet été), trois, voire six terrains en terre battue, une salle de musculation, une salle de kiné, une salle de détente et un restaurant. Les stagiaires en obligation scolaire fréquentent les écoles environnantes où ils sont conduits et où on va les rechercher tous les jours en minibus, soit pour aller à Wilrijk soit pour rejoindre l'internat situé à Edegem.
Le budget annuel pour l'élite représente quasiment un quart du budget global de la VTV, soit 1,14 million d'euros en 2006. Il est évidemment rendu possible par le succès du tennis en Flandre puisque de 45.612 membres en 1979, année de la création de la VTV, on est aujourd'hui passé à 150.348 affiliés en provenance de 491 clubs. Avec un effet « Kim et Justine » clairement démontré puisque l'augmentation la plus brutale est survenue en 2002. Cette année-là, la VTV a gagné 10,5 % de nouveaux membres ! Qui dit mieux ?
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... et à Mons, l'après-JustineW. Dg. (De Standaard)
mercredi 11 avril 2007, 07:56
L rsque l'on emprunte la route qui mène au centre Armand Crombez, à Mons, rien ne laisse présager que c'est ici que se façonne le talent naissant du tennis wallon. Les terrains semblent à l'abandon et, à l'exception d'un promeneur, il n'y a pas une âme qui vive à l'horizon.
« C'est souvent ainsi, dit Jacques Leriche, le directeur technique de l'Association francophone de tennis (AFT). Nos stagiaires vont et viennent. La plupart d'entre eux sont actuellement en tournois à l'étranger. C'est une période particulièrement éprouvante car dès qu'ils rentrent, ils doivent rattraper la matière qu'ils ont loupée à l'école, passer des examens avant de repartir. Pour eux, c'est parfois très difficile. »
Au mur d'une salle du bâtiment principal, une grande photo des tout jeunes Justine Henin et Olivier Rochus posant fièrement avec un trophée junior. Depuis, tous les deux ont réussi. Aux autres de suivre.
L'AFT peut puiser dans un vivier d'environ 40.000 membres. Ceux-ci sont en augmentation constante, mais pas de manière aussi spectaculaire qu'à la VTV. Le centre Armand Crombez est le centre nerveux de la fédération. L'entraînement avec les jeunes de toutes les régions wallonnes, la formation des entraîneurs et cadres, l'éducation : tout est centralisé à Mons. Le tennis-études, qui comprend un internat, compte onze stagiaires. Et quatre joueurs émargent au groupe professionnel : Steve Darcis, Maxime Authom, Stefan Wauters et Dimi Jottier.
« Les structures sont bonnes »
L'AFT ne craint pas le trou noir après Kim et Justine, pas tout de suite en tout cas. « Ce ne sera pas la même chose, soupire Leriche. Nous savons que ce sont deux talents exceptionnels. Mais bon : les structures sont là et elles sont bonnes. Si une nouvelle Henin surgit demain, nous serons prêts. On ne peut pas passer à côté d'un tel talent. »
« Cela dit, même avec de bonnes structures, nous restons dépendants de ce talent. Pour les années à venir, il n'y aura pas de problèmes : nous avons actuellement cinq joueurs qui peuvent percer. Mais dans dix, vingt ans... (soupir) Si on poursuit la politique actuelle, cela n'ira pas. Les parents envoient leurs enfants dans des écoles de tennis pour compenser le déficit de l'éducation physique à l'école. Nous voyons de plus en plus de jeunes en manque de condition, de vitesse et d'agilité. C'est un gros problème. Pour les filles, c'est encore plus délicat parce qu'elles doivent arriver au top plus tôt. Quand on voit que des joueuses d'Europe de l'Est ou d'Asie s'entraînent cinq heures par jour... La mentalité en Belgique c'est : cinq heures par semaine, ce n'est pas trop ? C'est pour cela qu'il faut des structures, pour utiliser de manière optimale le temps disponible. »
La manière qu'utilisent l'AFT et la VTV pour arriver à cet objectif est, selon Leriche, dans les grandes lignes semblable. « Beaucoup de choses sont identiques. Peut-être accordons-nous plus d'importance à la technique, alors qu'à la VTV, on insiste plus sur la mentalité et le physique. Mais cela dépend également des entraîneurs et ces différences ont tendance à s'estomper. Nous collaborons souvent, quand nous sommes à l'étranger, nous nous aidons mutuellement. Lors des championnats nationaux, nous comptabilisons combien de joueurs des deux ailes figurent en demi-finales. Parfois nous émergeons, parfois c'est eux. Il y a entre nous une saine rivalité, mais également un respect mutuel. »